Du Refuge Royal au monastère des
Capucins, des ateliers de l'arsenal aux venelles tortueuses de Recouvrance,
la rue Saint Malo est d'autant plus précieuse
qu'elle a miraculeusement échappé aux bombes qui ont défiguré
la ville de BREST à tout jamais.
La rue Saint Malo plonge ses racines
dans la grande aventure de la Royale au XVIIIème siècle,
elle vit l'élan révolutionnaire aux rythmes des sections
populaires de Recouvrance, rebondit sur les grèves de "Brest
la rouge".
Partie intégrante d'un certain mythe brestois, elle confond dans
ses souvenirs l'austerité de Choquet de Lindu, le calvaire des
femmes repenties du Refuge Royal, la misère des ouvriers, la sueur
des artisans, les chants de marins et les cris des enfants...
La RUE reste un vivant témoignage d'une certaine
histoire brestoise quand les pavés ne disparaissaient pas sous
le bitume et que la rigole centrale tenait lieu de caniveau.
Des siècles de malédiction Petite histoire d'un rejet |
D'après une recherche de Jean-luc
Germain journaliste au Télégramme de Brest |
On ne sait pas si du temps des irréductibles
gaulois, le barde Assurancetourix payait déjà ses fautes
rue Saint-Malo, mais le destin tragique de cette voie qui naît
rue de Maissin et meurt, au pied des escaliers de " la Madeleine
", contre la levée de Pontaniou ne date pas d'hier. |
1666 |
A l'arrivée de Colbert au pouvoir, les autorités
étudient les conditions nécessaires pour agrandir la ville
de Brest et le bourg de Recouvrance, mais on oublie la petite crique
de Pontaniou, terminaison d'un vallon où ruisselleront plus tard
les ruelles au dessin capricieux descendant vers la Penfeld. |
Les
" débuts" 1685 |
Ce ne sont plus seulement les déchets transportés
par les sources et le ruisseau qui viennent s'échouer sur les
pavés. Les juges royaux ayant signalé une nette croissance
de la prostitution à Brest. Les " filles de mauvaise vie
" transférées à la prison de Pontaniou, sont
enfermées en février dans un nouveau bâtiment appelé
" La Madeleine " ou refuge royal, dont la direction est confiée
aux sœurs Saint-Thomas de Villeneuve. |
1692 |
Si la rue Saint-Malo n'existe pas encore (elle
aurait été aménagée avant 1750) une carte
évoque un chemin rural qui pourrait en être l'embryon.
II est parcouru par un ruisseau qui obligea à surélever
le bas de la venelle. Il y a fondations plus solides que celles-là.
1736 : ouverture d'un nouveau refuge(dont le terrain entouré
de hauts murs est aujourd'hui propriété militaire et longe
la rue St Malo), tout à la fois dispensaire, maison de retraite,
de correction et d'éducation. 1782 : Le 10 février, la
belle Tamisier internée là pour sa vie de débauche
met le feu aux bâtiments. 31 femmes dont 4 religieuses périrent
dans les flammes. |
Gourmande
marine 1800-1810 |
Après une période de marasme, le préfet
maritime Cafarelli s'attache à la restauration du port agrandi
et au nettoyage de la Penfeld. L'élargissement des quais, la
mise en chantier de la forme n°3 de Pontaniou, l'achèvement
de la clôture de l'arsenal, la "levée" de Pontaniou,
contribuent à marginaliser un peu plus Recouvrance et la rue
Saint-Malo. 1828: un élu de l'époque constate que si la
population d'ouvriers, de marins, de militaires s'entasse dans les vieilles
rues du quartier, l'occupation de l'est de la rue Saint-Malo reste l'exception. |
A
partir de 1857 |
Les travaux du port, qui connaissent un regain d'activité
exigent l'acquisition par la Marine de terrain supplémentaire.
Une ouverture de nouvelle rue, entraînant la fermeture d'une autre,
le passage de la venelle Saint-Malo. Avant-guerre, jusqu'avant la dernière
guerre les lieux, accueillant une importante population de matelots,
garderont une réputation qui tient en l'addition de l'alcool,
de filles et de tarifs peu élevés. |
1944 |
Les bombardements anéantissent toute la rue
sauf... les derniers 100 mètres qui existent aujourd'hui. Miraculeusement
intacts a-t-on envie de dire, alors que cela ne fera que contribuer
à la marginalisation, "comme si tout Brest était
contre cette rue, cette saleté, cette blessure. Comme si le peu
qui reste de la ville devait être détruit pour oublier",
explique Ramin Fardad. Au fur et à mesure des ans, les maisons
du bas-quartier n'accueilleront plus que les eaux de pluie, la moisissure,
quelques paumés, des personnes âgées ou des couples
peu fortunés qui vécurent là jusque dans les années
50, avant d'être relogés. L'eau courante (qui n'arrive
toujours pas dans le bas) et le gaz sont installés puis retirés
au fur et à mesure des abandons. Aujourd'hui Dans les années
70, diverses associations s'y installent, autrefois les néonazis,
aujourd'hui les anarchistes ou encore l'association Vivre La Rue. |
1989 |
Installée au n° 17, cette dernière a pour ambition de créer un site d'artistes et des animations culturelles. Sa présence a engendré "Vivre à Pontaniou" une contre association de riverains. Jusqu'au-boutistes et volontiers polémiques, ces deux organismes ont peut-être involontairement accéléré le funeste destin de ce morceau de quartier. Sera-t-il dévoré par un projet d'urbanisation moderne ? Quelle fin cruelle pour une rue qui, malgré les soucis, s'est battue des siècles durant pour imposer son identité et faire disparaître voici peu la particule aristocratique qu'elle n'avait rien fait pour mériter. Devenir enfin et pour toujours la rue... Saint-Malo. |
Et c'est là que l'aventure commence !
. ASSOCIATION VIVRE LA RUE . 17 rue Saint Malo . 29200 BREST Recouvrance . Tel : 02 98 05 04 40. Courriel asso@vivrelarue.net