Brest Recouvrance, le
1er janvier 2015
Peut-être avez-vous
entendu parler de la RUE SAINT MALO à BREST dans le quartier
de Recouvrance, celle qui est désormais renommée pour
être reconnue comme « la plus ancienne rue de Brest ».
Enclavés dans le vallon de Pontaniou, ces 94 mètres
de rue pavée et ces modestes bâtisses, dont l'histoire
connue remonterait au XVIIIème siècle, ont été
miraculeusement épargnés par les bombardements alliés
de la seconde guerre mondiale qui anéantirent la cité.
Jugée insalubre dans l'élan de reconstruction moderne
de la ville dans les années 60, ces habitations furent progressivement
vidées de leurs habitants jusqu'aux années 80 en vue
d'une démolition programmée.
L'association VIVRE LA RUE a été fondée en
juillet 1989 dans le but de préserver, de restaurer et d'animer
ce témoin populaire du Brest d'avant guerre, de la faire
connaître et reconnaître comme pôle historique,
culturel et artistique.
Depuis un quart de siècle, la ténacité et l'engagement
indéfectible, la mobilisation citoyenne de centaines de bénévoles,
le soutien de milliers d'artistes et spectateurs présents
aux manifestations culturelles et artistiques qui y sont organisées,
les encouragements des visiteurs (près de 11.000 personnes
par an depuis 2012) démontre la pertinence du combat quotidien
pour la préservation et la mise en valeur de ce lieu unique.
Malgré le repavage de la rue en 1998 après les travaux
de réfection des eaux usées (qui endommagèrent
gravement les édifices en éventrant la rue sur plus
de 2,5 mètres de profondeur) et les gros travaux de gros
œuvre de réfection des maçonneries anciennes
effectués en 2007 et 2008 (fortement préconisés
par ARCHI-BIO et l'architecte Xavier Barruhet membre de l'association
dans le dossier « Rue St Malo, mise en sécurité
et préservation des ouvrages »), ce patrimoine
populaire a déjà subi des dommages irréversibles
aux mépris de son intérêt historique indéniable :
- 1993 Expulsion et démolition du bar le plus vieux de Recouvrance
« le Trou »,
- 1996 Démolition des numéros 19 (dit « la
grande caserne ») et 21,
- 1998 Expulsion et démolition du numéro 1 (« la
maison du cordonnier »)...
- En février 2014, des experts judiciaires imposent à
Brest Métropole Océane, propriétaire des murs
par droit de préemption, de les « sécuriser »
en les étayant à l'arrière de toutes les maisons
et jardins en vue du grand chantier de construction du nouveau quartier
sur le plateau des Capucins surplombant le vallon de Pontaniou et
la rue St Malo. Résultat : Saccage et destruction des
cours et jardins suspendus à flanc de colline ; Entraves
à la circulation piétonne par le circuit de la venelle
Saint Malo reconstruit et ré-ouvert par les bénévoles
de l'association à l'arrière des bâtisse du
numéro 1 au 11 rue St Malo ; Condamnation de l'accès
à la venelle, extraction de pavés originels, coulage
de blocs de béton, étayage (« butonnage »)
de bois jeune dont l'efficacité serait plus que douteuse,
condamnation de l'accès à la passerelle de la petite
salle de spectacles UN:UN conçue par le collectif de jeunes
architectes ETC et construite lors d'un chantier participatif en
mai 2012...
1998
Toutes ces dégradations et démolitions délibérées
sont autant de destructions motivées hâtivement par
la bêtise humaine que notre association, protectrice de ce
patrimoine qu'elle a révélé au grand jour,
ne peut que dénoncer !
Nous vous interpellons aujourd'hui, au sujet d'une nouvelle menace
qui risque de réduire à néant les efforts magistraux
engagés depuis 25 années pour faire vivre la rue Saint
Malo.
Vous n'êtes sans doute pas sans savoir qu'un chantier d'une
durée de cinq ans de rénovation du Bâtiment
aux Lions a débuté début décembre 2014
(Construction des ingénieurs Tarbé de Vauxclairs et
Trouille 1807-1809 d'un bâtiment pont enclavé dans
l'enceinte de l'arsenal militaire de Brest en travers du vallon
de Pontaniou et dont l'accès arrière par la cour de
la Madeleine donne sur le bas de la rue St Malo).
Modèlisation D.Larvor (source Wiki-Brest)
Ce bâtiment remarquable, laissé à l'abandon
par la Marine Nationale depuis longtemps, et ayant subi l'agression
du ciment qui étouffe ses pierres, a été très
tardivement classé monument historique en février
2011.
C'est pourquoi sa rénovation est prise en charge à
proportion égale par le ministère de la Défense
et le ministère de la Culture à hauteur de 5 millions
d'euros.
Son ouverture au public ne semble cependant pas envisageable à
l'issue des travaux dans cinq ans d'après Mr Hervé
Bedry, responsable de la gestion du patrimoine auprès de
la Préfecture Maritime Atlantique.
Ce qui motive notre indignation est que l'accès à
ce chantier d'envergure, transport de la main d’œuvre,
matériels et matériaux, ainsi que l'évacuation
des gravats, est interdit par l'arsenal maritime auquel appartient
le bâtiment et passe par la petite rue Saint Malo, pavée
sur un lit de sable et de graviers, ébranlant ces fragiles
constructions antérieures à celle du Bâtiment
aux Lions.
Cette impasse piétonne, pavée à l'ancienne,
ne saurait supporter les passages successifs de camions.
embouteillage
des camions de chantiers en amont des pavés
Par ailleurs, les gros véhicules ne peuvent manœuvrer
dans le virage obtus du bas de la rue trop étroite pour pénétrer
dans la cour de la Madeleine à l'arrière du monument
historique, devant décharger leur cargaison à l'aide
d'un bras articulé avant de repartir en marche arrière.
Outre les risques d'effondrement
de la ruelle ancienne inadaptée à la circulation automobile,
comment envisager les visites des 11.000 visiteurs adultes en balades
et enfants en visites pédagogiques qui s'installent d'ordinaire
en toute tranquillité dans la rue, les tournages de films,
les répétitions et représentations de spectacles,
les chantiers participatifs pour la restauration respectueuse des
lieux, le maintien des aménagements paysagers côté
rue (1er prix 2014 du concours fleurissement de rue de la ville
de Brest)...
Pour épargner
la voie piétonne pavée « la plus ancienne
de Brest » déjà tant éprouvée
et pouvoir continuer à accueillir les visiteurs, les publics
et les artistes de plus en plus nombreux, il est essentiel de la
préserver de tout transit de camions qui génèreraient
nuisances et insécurité.
Des alternatives existent : La plus logique serait d'autoriser
les convois vers le chantier du Bâtiment aux Lions en façade
par l'arsenal militaire puisqu'il appartient au patrimoine maritime
Atlantique, ou de manière moins évidente, créer
une ouverture dans l'angle de l'enceinte de la cour de la Madeleine
en amont des pavés sachant que nous avons déjà
pu constater que les camions de chantier ne pouvaient pas s'y croiser
durant ce premier mois du chantier qui doit durer cinq ans !
« Vivre
la Rue » a pour objet la préservation et la réhabilitation
de lieux en péril. Elle entend ainsi, défendre les
droits des générations futures, faire naître
et vivre des lieux de rencontre et d’échange pour tous.
Ses moyens d’actions sont, notamment :
- La restauration et l’entretien de la rue Saint-Malo et de
son environnement en Bio-Construction
- La production et la diffusion de spectacles, et de manifestations
artistiques et culturelles
- La mise en pratique des valeurs de l'économie sociale et
solidaire (article 2 des statuts)